Travail d’intérêt général : une expérimentation innovante dans les sociétés à mission

Le ministère de la Justice et le portail des sociétés à mission s’associent pour expérimenter, dans 20 départements, l’accueil de personnes effectuant un travail d’intérêt général (TIG) au sein d’entreprises à mission. Une initiative qui rapproche monde économique et réinsertion sociale.

Le travail d’intérêt général(TIG) est une peine créée en 1983 sous l’impulsion de Robert Badinter, consistant en la réalisation d’un travail non rémunéré au profit de la collectivité. Les vertus de cette peine sont reconnues pour lutter contre la récidive. Elle s’adresse en effet principalement à un public ayant commis des infractions de faible intensité, majoritairement jeune et éloigné de l’emploi, voire n’ayant jamais eu d’expérience professionnelle.

Service à compétence nationale de l’administration pénitentiaire, l’Agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle des personnes placées sous main de justice (ATIGIP) a été créée en 2018 pour accompagner les acteurs engagés en faveur de la réinsertion sociale des condamnés et permettre le développement de l’offre de TIG sur le territoire national.

Quelques chiffres

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places de TIG disponibles sur l'ensemble du territoire national
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organismes habilités pour accueillir des TIG
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mesures de TIG prises en charge par les services pénitenciaires en 2024
0h
Durée moyenne d'une peine de TIG

Pour conduire son action, l’ATIGIP s’appuie sur un réseau de 77 référents territoriaux, professionnels de l’insertion et de la probation spécialement dédiés à cette mission ; ainsi que sur un socle de 52 conventions de partenariat nationales, conclues au nom du ministère de la justice avec des acteurs de premier plan de la société civile.

Comment se déroule une mesure de TIG ?

  • Le tribunal prononce la peine et fixe la durée du TIG, comprise entre 20 et 400 heures. La personne condamnée doit obligatoirement donner son accord.
  • La personne condamnée est convoquée par le service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) si elle est majeure, ou la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) si elle est mineure. Ces services auront en charge le suivi du bon déroulement de la mesure, sous le contrôle du juge.
  • Le conseiller d’insertion ou l’éducateur évalue la personnalité du condamné et ses compétences, afin de déterminer le poste de TIG le mieux adapté à son profil. Il contacte alors la structure d’accueil pour obtenir son accord à la prise en charge de cette personne dans le cadre d’un TIG, sur les postes disponibles.
  • La structure accueille la personne en TIG sur une mission définie, et l'intègre au sein de ses équipes. Elle choisit un tuteur, référent de la mesure au quotidien, qui encadre le condamné et le forme si nécessaire. Le tuteur assure le suivi des heures réalisées et tient informé l’interlocuteur du SPIP ou de la PJJ.

Seule peine qui ne peut connaître de concrétisation sans participation directe de la société civile, le TIG a longtemps reposé sur l’engagement des collectivités territoriales et du secteur associatif. Depuis 2007, le législateur a étendu son champ à certaines personnes morales de droit privé, notamment les entreprises chargées de mission de service public, ainsi que, plus récemment, les entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS).

Dans l’optique de poursuivre l’ouverture du TIG au secteur privé marchand, afin de valoriser les ressources professionnelles offertes par certains types d’entreprises présentant une dimension d’utilité sociale, la loi n° 2019-222 du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice a mis en place un dispositif d’expérimentation du TIG dans les sociétés à mission. Ce statut étant alors de création trop récente pour permettre la conduite de l’expérimentation, celle-ci a été prorogée pour une durée de 3 ans par la loi n° 2023-1059 du 20 novembre 2023 d'orientation et de programmation du ministère de la justice 2023-2027.

L’expérimentation est circonscrite à un panel de 20 départements, sélectionnés par arrêté du 6 mars 2025, de manière à garantir la représentativité de différents types de territoires (ruraux, urbains) et zones géographiques : sont ainsi concernés les départements des Alpes-Maritimes (06), de Charente-Maritime (17), du Finistère (29), du Gard (30), de Gironde (33), de l'Hérault (34), d'Ille-et-Vilaine (35), d'Indre-et-Loire (37), d'Isère (38), du Loiret (45), de la Marne (51), du Morbihan (56), du Puy-de-Dôme (63), du Bas-Rhin (67), du Rhône (69), de Paris (75), de la Somme (80), du Var (83), du Val-de-Marne (94) et de La Réunion (974).

Dès 2026, un rapport d’évaluation sera remis au Parlement par le garde des sceaux, ministre de la justice, et proposera de généraliser tout ou partie de l'expérimentation, de la prolonger à nouveau, ou d'y mettre fin.

Ces travaux devront notamment mesurer le nombre de postes de TIG créés dans les départements expérimentaux ; analyser le contenu de ces postes et l'intérêt qu'ils revêtent au regard des objectifs de réinsertion et de prévention de la récidive ; et examiner les incidences de l'expérimentation sur le fonctionnement et l'organisation des sociétés à mission ayant participé à cette démarche.

Afin de parvenir à recueillir suffisamment de données pour alimenter la démarche d’évaluation, les référents territoriaux du TIG sont chargés de se rapprocher, sur leurs territoires d’exercice respectifs, des sociétés à mission pouvant potentiellement bénéficier d’une habilitation ; puis de définir avec elles le contenu des fiches de postes dont la création semble envisageable au sein de leurs structures.

Les RT-TIG n’ayant que peu de ressources pour mener à brefs délais un travail de prospection de si grande ampleur, le portail des sociétés à mission a accepté de mettre son expertise au service de cette expérimentation législative, pour faciliter les démarches d’identification des structures concernées dans chaque département. Ce partenariat fructueux permettra par ailleurs de faire connaître ce dispositif auprès des sociétés à mission, en facilitant les mises en relation et le partage de connaissances.

COMMENT ACCUEILLIR UNE PERSONNE EN TIG AU SEIN DE MA STRUCTURE ?

  • 1ère étape : l’habilitation, qui désigne la décision autorisant les structures d’accueil à recevoir des TIG – son obtention est impérative. La délivrance de cette autorisation relève, pour les condamnés majeurs, des directeurs fonctionnels des services pénitentiaires d’insertion et de probation (DFSPIP), et, pour les mineurs, des directeurs territoriaux des services de la protection judiciaire de la jeunesse (DT-PJJ). C’est auprès d’eux, au niveau départemental, que doit être déposée la demande d’habilitation (articles R. 623-2 et suivants du code pénitentiaire). Les habilitations s’opèrent de manière dématérialisée sur TIG360°, l’applicatif de pilotage et de suivi des mesures de TIG, administré par l’ATIGIP. Le dossier d’habilitation est préalablement constitué par les RT-TIG, en lien avec la structure candidate. Il doit comporter un certain nombre de pièces, listées à l’article 2 du décret n° 2024-1226 du 30 décembre 2024.
  • 2ème étape : l’inscription des postes de TIG sur une liste départementale (article 131-36 du code pénal). La décision d’inscription est prise en tenant compte de l'utilité sociale des travaux proposés et des perspectives d'insertion sociale ou professionnelle qu'ils offrent aux personnes condamnées (articles R. 623-7 à R. 623-9 du code pénitentiaire). Les postes proposés aux mineurs doivent en outre présenter un caractère formateur ou un apport spécifique à leur insertion sociale (article R. 122-2 du code de la justice pénale des mineurs). Pour les sociétés à mission, ce dispositif figure à l’article 2 (VIII) du décret du 30 décembre 2024.
  • La définition des missions qui peuvent être confiées à une personne en TIG est faite par la structure d’accueil. Celle-ci a toute latitude pour proposer des missions se déroulant en semaine, en soirée ou durant les week-ends ; à temps plein ou ponctuelles (quelques heures par semaine). Quelques exemples de missions classiques : accueil, assistance administrative, entretien de locaux ou d’espaces verts, manutention, restauration, services à la personne…

Pour chacune de ces étapes, un accompagnement est prévu auprès des structures candidates par le référent territorial du TIG, afin que les démarches soient les moins fastidieuses possible pour les entreprises.

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